À la découverte du moulin bleu

L’histoire du Moulin Bleu s’étend sur plus d’un siècle et demi. Elle est marquée par une longue tradition familiale ; les propriétaires-meuniers se succèdent le plus souvent par filiation de père en fils ou par liens familiaux. Famille St-André, Famille Henri, Famille Lafortune, trois grandes familles achiganoises se sont succédé sur ce site et ont poursuivi l’activité meunière jusqu’en décembre 2019.

 

Grâce à ces hommes et ces femmes, le Moulin Bleu est un des rares sites de propriété privée qui ait poursuivi une activité meunière ininterrompue depuis le XIXe siècle au Québec.

HISTOIRE DU MOULIN ET DE SES PROPRIÉTAIRES

La famille St-André

Aldéric St-André, le premier propriétaire du Moulin Bleu avec son épouse Adéline Lesage

Loric St-André, le second propriétaire du Moulin Bleu assis dans la première rangée avec son épouse Azéline Mireault.

Les quatre propriétaires successifs vers 1937

Loric St-André : assis à gauche

Odilon St-André : debout à gauche

Rémi Henri : assis au centre de la photo

Marielle Henri : assise à gauche

Le site du Moulin Bleu est construit sur la rive droite de la rivière Saint-Esprit tout près du pont Populus. L’année d’édification et le nom du constructeur du moulin nous demeurent inconnus malgré de nombreuses recherches effectuées. Cependant, la construction par la Famille St-André au cours des années 1860 est plus que plausible, la famille étant déjà propriétaires d’autres moulins sur le territoire de Saint-Roch-de-l’Achigan.

 

La première mention du moulin à cet endroit apparait en 1881 dans un contrat de donation d’une terre d’Aldéric St-André à son fils du même nom. En 1884, le même Aldéric St-André, père, fait donation à Loric, un de ses autres fils, de la pointe de terre comprenant « le moulin à farine, remise et autres dépendances y érigées ». Loric exploite le moulin jusque vers 1925 alors qu’il le donne à son fils Odilon St-André.

 

À cette époque, le moulin sert d’abord et avant tout à moudre les grains que les cultivateurs des environs y apportent pour les faire transformer en farine ou en moulée. Le meunier achète également des grains chez les cultivateurs de la région. Ils y viennent en voiture à cheval, hiver comme été. Ils ont à leur disposition tout près du moulin une écurie pour dételer et abriter leurs chevaux.

 

La famille Henri

 

Odilon St-André vend la propriété à son beau-frère Rémi Henri en 1941 qui oriente l’exploitation du moulin vers l’alimentation animale. Chaque automne, il poursuit l’activité traditionnelle du moulin avec la mouture de sarrasin. En 1958, Rémi Henri cède le moulin à son fils Jean-Marc Henri, qui, constatant le besoin de croissance de la production, choisit de moderniser ses opérations par la construction de nouvelles installations situées à une centaine de mètres à l’est du Moulin Bleu.

Marielle et son mari Angelbert Lafortune

La famille Lafortune

 

En 1959, Jean-Marc Henri vend le moulin à sa sœur Marielle et son mari Angelbert Lafortune. Le couple ramène alors le Moulin Bleu à sa fonction première, soit de l’opérer à des fins de production de farines à usage alimentaire, faisant revivre une tradition séculaire qui sauvera le moulin de l’abandon et de la ruine.

 

Leur ardeur pour assurer la survie du moulin est malheureusement marquée, mais non freinée par le décès subit d’Angelbert le 28 juillet 1963. Marielle Henri décide de poursuivre l’activité meunière. Mère de cinq enfants de trois à douze ans, Marielle fait montre d’un courage peu commun en prenant la responsabilité des activités courantes, de la planification de travaux et de la comptabilité.

 

Marielle, connaissant des problèmes de santé à compter de l’année 1975, vend le moulin à son fils Sylvain et son associé, Richard Houle en 1977. Elle décède le 17 juin 1978 alors qu’elle n’a que 52 ans.

Lucie Lebeau et Sylvain Lafortune

Les activités du moulin, sous la responsabilité de Sylvain Lafortune et de son épouse Lucie Lebeau, sont axées graduellement sur la production de farines diversifiées vendues soit sur place, soit auprès d’artisans-boulangers et dans les commerces. La farine de sarrasin bien connue sous la marque commerciale Au Moulin Bleu est même vendue dans les grandes chaines alimentaires Métro, IGA et Provigo. 

 

Le moulin va prospérer durant de nombreuses années grâce à la conduite attentive des opérations par Sylvain, supporté en cela par Lucie. Le décès de Lucie Lebeau le 20 décembre 2019 marque la fin des opérations et la fermeture du Moulin Bleu après plus de 150 années d’une activité meunière ininterrompue.

ARCHITECTURE DU MOULIN

Le Moulin Bleu construit probablement au cours des années 1860 est représentatif des premiers bâtiments industriels implantés dans la vallée du Saint-Laurent. Son architecture est inspirée du modèle de la maison québécoise avec un plan en rectangle et une toiture pentue à deux versants avec larmier incurvé.

 

L’ensemble du moulin, posé sur une haute fondation de pierre des champs assise sur le lit rocheux de la rivière Saint-Esprit compte quatre étages. De la période de sa construction jusque vers 1894, année de construction de la maison qui jouxte le moulin, le bâtiment sert tant aux activités de mouture qu’au logement de la famille du meunier. La section située à l’Ouest est occupée par les activités du moulin proprement dites tandis que la partie Est où se trouvait à l’origine une cheminée de pierre est habitée par le meunier.

LE MOULIN ORIGINAL ET SON ÉVOLUTION DEPUIS LES ANNÉES 1940

Moulin original

 

Le site du moulin tel qu’on le voit vers l’année 1940 en montre les différentes caractéristiques qui avaient très peu changé depuis sa construction dans la seconde moitié du   XIXe siècle. On aperçoit au premier plan à gauche le moulin et vers la droite, une longue grange écurie construite dans le même alignement et blanchie à la chaux comme la plupart des bâtiments agricoles à l’époque. À avant de cette grange se trouve la maison du meunier.

 

Évolution du moulin au cours des ans  

 

Le moulin subit au cours des années certaines transformations et agrandissements nécessités par la croissance de la production et l‘évolution de la technologie. L’installation de nouveaux bâtiments et équipements se fait en façade avant et en prolongement du moulin vers l’Est et l’Ouest. La partie arrière, située en bordure de la rivière n’a subi que de légères modifications, laissant voir la haute fondation, le revêtement de larges planches de pin posées à la verticale, les fenêtres à six carreaux et le toit pentu avec son larmier incurvé.

 

Un élévateur à grain est le premier ajout réalisé en façade du moulin à la fin des années 1940 en même temps que de nouveaux équipements à l’intérieur. Ce premier élévateur sera remplacé en 1964 par un équipement de plus grandes dimensions en même temps que la construction d’une annexe pour placer un séchoir à grains. Par la suite, un bâtiment servant de réserve à grains est ajouté en 1970 à l’Ouest du moulin. Un autre espace localisé à l’Est du moulin servant d’entrepôt et de bureau est édifié en 1978. Le P’tit Mag occupera l’espace de ce bureau vers 2005. Finalement, un silo de métal est construit à la fin des années 1980.

 

Maison du meunier

La maison du meunier

 

Un tableau du peintre Marcel Ravary

La maison du meunier est construite vers 1894 afin d’offrir un logis plus confortable au meunier et sa famille, logés jusqu’alors dans la partie Est du moulin. Il est facile de comprendre que les vibrations engendrées par le mouvement des turbines et des meules, l’humidité générée par la présence de l’eau en sous-sol et la faible isolation thermique rendaient l’endroit inapproprié pour l’habitation.

l’avenir du moulin

Souhaitons que de nouvelles pages d’histoire s’inscrivent sur le site du Moulin bleu. La Société d’histoire désire vivement que ce lieu d’histoire, reflet de la première activité industrielle au pays, puisse témoigner longuement de l’activité meunière qui s’y est déroulée sans interruption depuis plus de 150 ans. Inscrit au registre du patrimoine culturel du Québec, ce site présente une grande valeur patrimoniale et un important potentiel récréotouristique.

 

En juin 2023, le Comité du Moulin Bleu s’est donné comme mission de sauver et de mettre en valeur le site du Moulin Bleu, un patrimoine inestimable pour le milieu et la région.